Table ronde : Énergie, climat : quelle place pour l’électronucléaire et les énergies renouvelables à l'horizon 2050 ?

Avec Thierry Caminel, Frédéric Durand et Rémy Seksek

• Thierry CAMINEL,  membre des Shifters, association de soutien bénévole au centre de réflexion The Shift Project, qui œuvre à la décarbonation de l’économie.
  
• Frédéric DURAND, professeur émérite de géographie à l’Université Toulouse Jean Jaurès.
  
• Rémy SEKSEK, salarié et sociétaire d’Enercoop Midi-Pyrénées, coopérative de production et de fourniture d’énergie renouvelable, locale et citoyenne.

Les ressources fossiles sont les premières responsables du changement climatique et représentent 80% de la consommation mondiale d’énergie, alors qu’il faudrait en sortir à l’horizon 2050. Quelle place dans ce défi pour l’électronucléaire, les énergies renouvelables et les autres options ? Nous en débattrons avec des personnalités aux positions contradictoires et affirmées.

Le réchauffement climatique est là. 2023 a connu la température moyenne à la surface du globe la plus élevée depuis que des relevés sont réalisés (vers la fin du XIX^ème siècle) et les dix années les plus chaudes sont les dix dernières années. Ce réchauffement apporte son lot de phénomènes météorologiques et climatiques intenses : canicules, sécheresse, tempêtes, ouragans, inondations, montée du niveau des océans …
Il est maintenant clairement établi que la principale cause de ce réchauffement est l’accumulation dans l’atmosphère de gaz dits à effet de serre tels que le gaz carbonique (dioxyde de carbone) ou d’autres comme le méthane, produits par l’activité humaine et principalement par la combustion de produits fossiles (charbon, pétrole, gaz …) pour produire toujours plus d’énergie.
D’où, si l’on veut éviter une évolution climatique catastrophique et limiter à 1,5-2 degrés l’augmentation de la température moyenne à la surface du globe par rapport à ce qu’elle était au début de l’ère industrielle, les objectifs inscrits dans les Accords de Paris issus de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de décembre 2015 (COP 21) de réduire les émissions mondiales de gaz carbonique d’origine fossile au moins de moitié d’ici 2035 et de se passer complètement des produits combustibles fossiles d’ici 2050.
Face à ces défis, une solution consiste à passer à l’électrique pour un maximum d’activités. Mais comment produire suffisamment d’électricité d’ici 10 ou 25 ans pour satisfaire l’ensemble de nos besoins énergétiques ? Quelle place peuvent jouer les énergies renouvelables (hydraulique, solaire, éolien …) et/ou l’électronucléaire dans cette production ? Et selon les options retenues, quels en sont les impacts en termes géopolitiques, politiques, économiques, énergétiques, financiers, techniques et environnementaux ?
Dans quelle mesure les sociétés peuvent-elles évoluer vers des modes de vie plus sobres et moins énergivores alors que, par-delà les discours de façade sur un prétendu développement durable, la consommation de masse reste encore le modèle dominant au Nord comme au Sud ?
La géo-ingénierie et les technosciences ont-elles des solutions à proposer à la hauteur des enjeux ?Autant de questions qui méritent de vrais débats.

Biographies :

Thierry Caminel, ingénieur INSA, membre des Shifters et de l’Institut Momentum, s’intéresse depuis 20 ans à la déplétion des ressources, à l’évolution du climat et aux liens entre énergie, activité économique et progrès technique. Ingénieur spécialiste en Intelligence Artificielle, il développe également des analyses concernant l’impact sociétal de l’évolution darwinienne des algorithmes. Son blog : https://thierrycaminel.home.blog/

Frédéric Durand, géographe, docteur de l’Université Paris VII, professeur émérite de géographie à l’Université Toulouse Jean Jaurès ; membre du Laboratoire Interdisciplinaire Solidarités, Sociétés, Territoires (LISST), membre de l’Atelier d’écologie politique  (Atecopol) de Toulouse. Après sa soutenance de thèse sur la déforestation tropicale en Asie du Sud-Est, il a travaillé pendant quatre ans dans la coopération internationale, avant de devenir maître de conférences, puis professeur au département de géographie de l’Université Toulouse Jean Jaurès. Depuis plus de trente ans, à côté des enjeux forestiers, il a élargi ses préoccupations à d’autres questions environnementales dans le cadre de ses conférences, enseignements et recherches, notamment sur : le développement durable, la décroissance et la résilience,le réchauffement climatique, l’électronucléaire face aux défis énergétiques.

Rémy Seksek, ingénieur ENSEEIHT en génie électrique, se spécialise dans le fonctionnement des énergies renouvelables en intégrant une entreprise de développement de parc éoliens, ABO Wind. En charge du raccordement au réseau électrique, puis de la construction et de l’exploitation des parcs solaires d’Enercoop Midi-Pyrénées aujourd’hui, et activiste écologique par ailleurs, son parcours est dédié au développement des énergies renouvelables, locales et citoyennes.

Publications :

Thierry Caminel

• Produire plus, polluer moins : l’impossible découplage ? Éditions Les petits matins, 2014 (avec Philippe Frémeaux, Gaël Giraud, Aurore Lalucq, Philippe Roman)
• Economie de l’après-croissance. Politiques de l’Anthropocène II, Les Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2015 (sous la direction de Agnès Sinaï)

Frédéric Durand

• Le réchauffement climatique : enjeu crucial du XXI^e siècle, Paris, Éditions Ellipses, 2020
• La décroissance, rejet ou projets ? Croissance et développement durable en question, Paris, Éditions Ellipses, 2008
• Le réchauffement climatique en débats, acquis, incertitudes et enjeux, Paris, Éditions Ellipses, 2007
• Agriculture, environnement et sociétés sur les Hautes terres du Viêt Nam (en co-édition avec Rodolphe De Koninck et Frédéric Fortunel), Toulouse-Bangkok, Éditions Arkuiris-IRASEC, 2005
• La jungle, la nation et le marché, chronique indonésienne, Nantes, Éditions de l’Atalante, 2001
• Les forêts en Asie du Sud-Est, recul et exploitation : le cas de l’Indonésie, Paris, Éditions de L’Harmattan, 1994