Que signifie l'occurrence simultanée de révoltes populaires sur tous les continents ?

2021sam23jan17h00sam19h00Que signifie l'occurrence simultanée de révoltes populaires sur tous les continents ?Avec Mathilde LARRERE

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Dans la période actuelle, nous assistons au phénomène de surgissement simultané de mouvements insurrectionnels en différents points du globe. En France où le mouvement des Gilets jaunes ne semble pas vouloir s’essouffler en dépit des prophéties qui se veulent auto-réalisatrices des médias dominants ; à Alger, où le refus de voir le président briguer un cinquième mandat donne naissance à un vaste mouvement démocratique qui fête en février 2020 sa première année, mais aussi à Hong Kong, au Chili, au Liban, à Barcelone pour ne citer que les plus marquants.

Certes, ces différents soulèvements différent par leurs causes : une taxe WhatsApp au Liban ou sur les carburants en France, l’augmentation du prix du ticket de métro au Chili, trois gouttes d’eau qui faisaient déborder le vase trop plein des bourses et des frigo trop vides. A Hong Kong, c’est le projet de loi d’extradition vers la Chine qui met le feu au poudre, à Barcelone, l’inique jugement des indépendantistes catalans. Mais partout s’exprime surtout la colère des classes moyennes et populaires contre leur dépossession économique et démocratique, ainsi que leurs désirs de justice sociale, de justice fiscale et de souveraineté réelle. Ces soulèvements donnent l’impression d’un mouvement global ce qui est renforcé par la similitude de leurs gestes, slogans qui s’inventent sur les murs,  ainsi que par leurs mises en images diffusées dans tout le monde.

Pourtant, l’historienne ne saurait être surprise que des insurrections éclatent de façon simultanée et plus ou moins connectée, ni que les images qui cherchent à en rendre compte produisent un corpus très cohérent. L’une des caractéristiques même des révolutions est leur capacité à circuler et tisser des liens au delà des frontières, parfois des océans et au dessus des siècles avec les autres révolutions.

On peut ainsi évoquer ce que l’on a longtemps appelé la Révolution atlantique, soit la succession des révolutions américaine (1776), batave (1780), française (1789), haïtienne (1791), suivies des indépendances sud-américaines (dans les années 1810), auxquelles il faudrait ajouter les révoltes irlandaises et suisses des années 1770-1780. Naples, Turin, puis l’Espagne, la Grèce enfin connaissent une vague révolutionnaire libérale au début des années 1820. En juillet 1830 le peuple de Paris renverse la Restauration, suivi en août des Belges qui, au cri de « Faisons comme les Français », arrachent leur indépendance au royaume des Pays-Bas. Le « moment 1830 » voit aussi se soulever, en vain, les Polonais sous domination russe, et des Italiens comme des Allemands (les deux nations étant alors morcelées). Le Printemps des peuples embrase en 1848 presque tout le continent européen et connaît des répercussions jusqu’au Brésil.

Des chercheurs travaillent actuellement sur la dimension transnationale de la Commune de Paris, plus globale qu’on pouvait le croire. Vient ensuite 1917, les révolutions russes aux prolongements réprimés de Berlin, d’Autriche et de Hongrie. L’année 68 est, à son tour, mondiale. Les révolutions dites de velours font chuter dans un pays après l’autre le bloc soviétique. En 2011, les révolutions arabes soulèvent Tunis, Le Caire, la Lybie, réveille le Maroc, la Syrie, le Yémen et Bahreïn et se situent dans le prolongement des mouvements des places, Occupy Wall Street et les Indignados de la Plaza del Sol à Madrid. C’est à cette réflexion sur les circulations révolutionnaires, dans le temps comme dans l’espace, que vous invite cette conférence.

Avec Mathilde LARRERE

École normale supérieure Fontenay-Saint-Cloud, agrégation d’histoire  & doctorat en histoire – Maître de conférences en Histoire contemporaine à l’Université Gustave Eiffel (Paris-Est –Marne la Vallée), Laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs (ACP), spécialiste d’histoire de la citoyenneté et des révolutions. Chroniqueuse sur les sites d’Arrêt sur images, de Libération & de Politis – Membre du Comité d’histoire de la Ville de Paris

– Publications :
Révolutions : quand les peuples font l’histoire (coordination), Belin, (2013)
L’urne et le fusil, Citoyens soldats dans la monarchie censitaire, PUF (2016)
Des intrus en politique. Femmes et minorités : dominations et résistances, (avec A. Lorriaux), Editions du Détour (2017)
L’histoire comme émancipation (avec L. De Cock et G. Mazeau), Agone (2019)
Il était une fois les Révolutions, Editions du Détour (2019)
Manifs et Stations (avec L. De Cock), Editions de l’atelier (2020)
Rage against the machisme, Editions du Détour (2020)

Quelques référence durant la conférence:
https://aggiornamento.hypotheses.org/
L’histoire n’est pas un roman – Rédactrices : Laurence De Cock & Mathilde Larrère

Heure

(Samedi) 17h00 - 19h00(GMT+01:00)

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