En visio: Ni décroissance ni croissance verte, une « post-croissance » est-elle possible ?

La contradiction majeure entre croissance économique et responsabilité écologique est chaque année plus manifeste au point que l’on voit de plus en plus mal comment des stratégies préventives de transition seront capables d’empêcher à temps des bouleversements aussi majeurs que le fait d’avoir une partie de notre planète devenir inhabitable. Mais cette contradiction, pour l’essentiel, est due au fait que la croissance est une croissance du PIB qui mélange des activités bénéfiques et des activités nuisibles d’un point de vue écologique et on retrouve cette confusion sur le plan social renforcée par l’indicateur de l’emploi à tout prix.

C’est ainsi que l’on peut comptabiliser positivement des activités écologiquement destructrices, socialement dangereuses mais génératrices de croissance et créatrices d’emploi, déterminantes pour les perspectives de fin du mois. Si l’on ajoute à ce couple PIB – emploi celui de la création monétaire (fondée sur le crédit ) et de la fiscalité (tournée vers l’aide à l’emploi et l’investissement) on est en présence d’un processus fondamental – non seulement aux yeux des classes dirigeantes mais aussi des peuples – que cette contradiction perdure malgré les alertes de ce type de croissance. Traiter le problème à la racine c’est donc rompre avec la logique du PIB et celle des relations systémiques qu’il entretient avec la monnaie, l’emploi, la fiscalité, la puissance des nations et la démocratie elle même puisque les peuples eux aussi aspirent à cet ensemble, pendant longtemps gage de prospérité.

Avec Patrick VIVERET

Philosophe, essayiste, magistrat honoraire à la Cour des comptes, Patrick Viveret a conduit une mission sur l’évaluation des politiques publiques à la demande du Premier ministre Michel Rocard et rédigé un rapport sur les indicateurs de richesse ( Reconsidérer La Richesse). Il est Cofondateur des rencontres internationales « Dialogues en Humanité » et du Mouvement Sol pour une appropriation démocratique de la monnaie. Il est aussi fondateur de l’observatoire de la décision publique et membre de plusieurs réseaux citoyens tels l’archipel citoyen des Jours heureux et l’archipel de l’écologie et des solidarités.

Publications :
 – Attention Illich, Pour une nouvelle Culture Politique (avec Pierre Rosanvallon), Editions du Cerf (1976)
 – Comment Vivre en Temps de crise ? (avec Edgar Morin), Bayard (2010)
 – La Cause Humaine et Fraternité j’écris ton nom, Editions LLL (2012)
– La colère et la joie : Pour une radicalité créatrice et non une révolte destructrice, Editions Utopia, (2021)